Vous vous êtes sûrement déjà demandé : pourquoi, malgré tous vos efforts, votre pratique régulière et vos exercices quotidiens, vous ne progressez pas autant que vous le souhaiteriez ?
Vous avez peut-être suivi des cours de chant, regardé des tutoriels YouTube, et pourtant, vous avez l’impression de ne pas exploiter pleinement votre potentiel vocal.
Et si je vous disais que la clé n’est pas tant dans ce que vous faites, mais dans le comment vous le faites ?
Dans cet article, je vais partager avec vous des solutions concrètes pour enfin libérer votre voix et progresser véritablement.
Les exercices et les « faites ci faites ça »
Pour apprendre le chant, les cours, les stages, les tutoriels suivent souvent une structure similaire : on nous donne un thème, un objectif, quelques explications, puis on nous dit quoi faire, on nous fait écouter des exemples et on nous demande de les répéter.
Et ça marche. Oui, mais qu’avons-nous réellement appris ? Serons-nous capables de reproduire ces résultats demain ?
Non, on le sait bien, demain c’est retour à la case départ. À moins de refaire les exercices avant de chanter. Et ce sera la même histoire les jours suivants.
De sorte qu’on peut dire que si après quelques séances sur un thème, nous ne parvenons toujours pas à produire une technique sans recourir à des exercices avant, c’est que nous n’avons pas véritablement appris [1].
Ce qui nous amène à la question : c’est quoi apprendre, et comment apprendre ?
Prendre en compte la singularité de votre voix
Commençons par dire que nous avons tous les mêmes éléments anatomiques pour chanter – des cordes vocales, un larynx, une langue, un diaphragme, etc. Mais chacun de nous les utilise différemment. Ces différences viennent de notre anatomie, bien sûr, mais aussi de notre vécu, nos expériences, notre culture, notre éducation… bref, tout ce qui fait de nous des individus uniques [2].
En conséquence, même si certaines règles physiologiques s’appliquent à tous, on développe chacun nos propres façons de faire, des habitudes sous forme de schémas d’action [3][4].
C’est d’ailleurs pour cette raison que vous pouvez trouver autant de discours différents sur la respiration, la résonance, le belting ou la voix mixte. Ce n’est pas toujours simple de s’y retrouver, certes, mais c’est aussi ce qui apporte une richesse à notre instrument.
Même si, en général, les préconisations et les instructions des professeurs de chant ne sont pas forcément mauvaises, elles posent un problème : elles cherchent à remplacer nos habitudes par d’autres, supposées meilleures. Mais nos habitudes ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi, elles sont juste adaptées ou pas à ce qu’on veut faire [5][6].
Prenons l’exemple de l’ouverture de la bouche, dont on parle souvent : « Il faut bien ouvrir la bouche pour chanter ». Outre le fait que cela peut être un choix esthétique que nous sommes en droit de faire, d’un point de vue fonctionnel, ça ne devrait pas être vu comme un problème, qu’il faudrait corriger. C’est juste une habitude qui a ses raisons d’être, tant psychologiques que physiologiques.
Ainsi, apprendre à chanter, c’est avant tout explorer nos habitudes, nos schémas d’actions, pour en devenir conscients. C’est ensuite s’enrichir d’une palette plus large de possibilités, de variations de ces schémas [7][8].
Cette différence d’approches de l’enseignement est fondamentale. Acquérir une nouvelle compétence crée forcément une opposition avec nos habitudes. Le changement ne peut pas venir de l’extérieur. Il doit être pleinement assimilé comme une expérience personnelle et non perçue comme quelque chose d’étranger à soi [9][10].
Sinon, nos habitudes reviennent. Elles étaient là avant, elles sont ancrées en nous. Ce n’est pas quelques « faites ci, faites ça » qu’on va répéter même des milliers de fois comme des automates, qui vont changer quoi que ce soit.
Enfin, n’oublions pas que, quand on chante, ce n’est pas à nous de tout contrôler consciemment. Notre cerveau gère la complexité. Notre rôle, c’est de lui fournir des informations (c’est l’apprentissage) et, dans la pratique (c’est-à-dire quand on chante nos morceaux), d’avoir une intention [11].
Ce qui m’amène à présent, à voir avec vous justement, comment fournir des informations à notre cerveau. Comment apprendre?
Le guide suprême: la proprioception
Avant cela, rappelons que notre production vocale est le résultat d’une chorégraphie de mouvements intérieurs, souvent invisibles. Ces mouvements sont en lien avec nos habitudes, les schémas d’action que nous avons évoqués.
Pour que notre production vocale corresponde à notre intention, nous avons deux grands guides : nos oreilles et notre sixième sens, la proprioception.
Nos oreilles, c’est bien, c’est pratique, mais leur fiabilité varie grandement selon des conditions externes. Une salle qui résonne mal ou différemment de d’habitude, des musiciens qui jouent trop fort, un public ou un environnement bruyant… On entend mal et l’ajustement que nous pourrions être amenés à devoir faire devient compliqué.
À l’inverse, la proprioception, c’est-à-dire la perception interne de notre corps et de ses éléments, nous permet de sentir ce qui se passe à l’intérieur de nous quand on chante. En nous informant sur les ressentis acoustiques, la position de notre structure osseuse, des espaces dans la bouche, dans la gorge, du niveau de contraction musculaire… elle offre un retour rapide et précis, beaucoup plus fiable [12][13].
Il est fondamental d’accorder de l’importance à ce sens, parce que le son n’est que le résultat final. On sait aujourd’hui que pour apprendre, ce qui importe vraiment, c’est l’organisation interne, autrement dit le chemin qui permet d’arriver au résultat sonore [7].
Suivre nos sensations!
Dans un contexte d’apprentissage, des études ont montré que suivre les directives d’un professeur sur l’organisation interne à avoir et ce que nous devrions sentir pour acquérir une technique… ça ne marche pas. Simplement parce que son organisation et ses sensations à lui ne sont pas les nôtres [14][15][16].
Et pourtant, c’est comme ça que traditionnellement on enseigne le chant, en cours ou sur YouTube, où l’enseignant décrit ce qu’il pense faire et ses sensations. Oui. Mais outre le fait que ce qu’il croit faire n’est pas forcément ce qui se passe réellement, même en essayant de faire pareil, il y a peu de chance qu’on vive la même chose.
Au mieux, il ne se passera rien. Au pire, si on cherche absolument à appliquer ce qu’il dit, on va se forcer à faire quelque chose qui n’est pas cohérent avec notre organisation. Dans tous les cas, on n’apprendra pas grand-chose.
N’oublions pas non plus que le chant est présent depuis toujours dans toutes les cultures du monde et personne n’a jamais appris autrement que par un apprentissage expérientiel, implicite, au cœur de la pratique de morceaux.
Conclusion
Pour conclure, gardons à l’esprit que notre voix est unique, tout comme notre parcours. Les méthodes traditionnelles peuvent avoir leur place, mais le véritable apprentissage découle de l’expérimentation personnelle.
Alors : explorons, observons, apprenons à connaître notre voix de l’intérieur. Et en cultivant cela, nous découvrirons non seulement notre vraie voix, mais aussi une nouvelle façon d’apprendre et de nous exprimer de manière authentique.
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